mercredi 25 février 2015

Spiritualité laique et éducation. Resumé de thèse







LA SPIRITUALITE LAÏQUE ET L’EDUCATION
de la pensée de Krishnamurti à la recherche-action
dans une ecole bolognaise

 Giusi Lumare


Résumé de la thèse de doctorat 
sous la direction du professeur René Barbier 
Université Paris 8
 Sciences de l’Éducation


Cette recherche concerne la formulation d’une hypothèse de spiritualité laïque et l’analyse de sa retombée dans le champ de l’éducation.
Son objectif est de vérifier si par le dépassement des spécificités liées aux religions et aux différentes croyances, on peut valoriser dans une optique laïque, le potentiel humain et ses attitudes spirituelles, aux fins d’une résolution des conflits interculturels dus aux identités religieuses et aux préjugés idéologiquesLa question surgit de l’observation des intégrismes destructeurs et haineux qui se répandent dans cette époque qui traverse une crise avant tout spirituelle. On se trouve actuellement en Occident face à une dichotomie culturelle entre religion comme manifestation de l’esprit et laïcité comme affirmation de l’intellect, cette observation a pris forme engendrant l’idée d’un dépassement de l’opposition dialectique entre les termes spiritualité et laïcité, dans une perspective de compréhension et de conciliation des opposésLa laïcité entraîne la lutte contre les discriminations, contre les inégalités sociales et territoriales, la spiritualité entraîne un travail intérieur de l'être, dans ce cadre l’éducation recouvre le rôle important de l’éveil de la conscience et représente le milieu où vérifier par quels dispositifs l’idée de spiritualité laïque peut être transmise.
La thèse s’articule en trois parties principales qui délimitent trois moments et aspects différents de la thématique abordée.
Une première partie explore les concepts de la spiritualité et de la laïcité et développe la   question théorique en répondant à l’interrogation : qu’est ce que c’est la spiritualité laïque ?
C’est un parcours de compréhension transversale, qui puise dans les philosophies orientales ainsi que dans la psychologie transpersonnelle d’A. Maslow, en considérant les théories de la physique quantique et les expériences mystiques. On analyse le concept complexe de la spiritualité laïque, qui déborde dans plusieurs implications théoriques et qui ne se fait pas annuler par les préjugés culturels.
L’intérêt et l’attention particulière dédiés à Jiddu Krishnamurti dans cette étude, se justifie par sa révolution herméneutique entrainée par le bouleversement de toute méthode visant à saisir des vérités. Le sage anglo-indien propose un parcours qui ne bouge pas d’un mouvement de l’intellect, mais de l’implication totale du sujet. A la base de la philosophie de Krishnamurti, il y a la conviction qu’il faut se libérer de toute autorité parce qu’aucun dogme peut nous aider à exprimer les potentialités de l’esprit. La spiritualité sans Dieu de A. Compte Sponville, la révolution de l’amour élaborée par Luc Ferry portent sur une vision de la spiritualité comme travail intérieur de l’Homme qui provient des traditions philosophiques orientales dont la sagesse de fond a éclaircie la démarche intellectuelle de l’approche philosophique occidentale. De-là l’idée de l’éducation à la spiritualité laïque est surgie du vécu du système éducatif italien et de ses contradictions.
La deuxième partie décrit l’action pratique sur le terrain scolaire et rentre dans le cadre de la sociologique qualitative. Le regard interprétatif de l’Analyse Institutionnelle et l’instrument méthodologique de la recherche-action, ont exploré le monde scolaire, en l’impliquant dans le parcours de recherche.
La problématique du terrain est représentée par l’enseignement de la religion catholique et par l’absence d’offres formatives alternatives à cet enseignement, malgré les écoles soient obligées par la loi, à les garantir. Elle s’exprime par une contradiction perpétrée dans la pratique scolaire, qui engendre discriminations dans le traitement des élèves et frustration dans les enseignants de l’école italienne.
Un institut professionnel de deuxième degré de la ville de Bologne, est le lieu où la recherche s’est déroulée à fin de comprendre si on peut concevoir une éducation à la spiritualité laïque et comment pourrait-elle s’intégrer dans le contexte scolaire, surtout au sein de ce moment d’offre formative alternative à la religion, que les élèves non croyants ont le droit de recevoir.
Est présent un cadre du système scolaire italien et de l’histoire de l’enseignement de la religion catholique à l’école et sont décrites et élaborées les interventions dans les classes d’élèves et les rencontres en recherche-action avec les enseignants, effectuées pendant les quatre années scolaires de la recherche (2006-2010).
Dans la troisième partie de la thèse s’ouvre un espace qui plonge le regarde sur les sciences de l’éducation. Sont développés les concepts de savoir et d’apprentissage. La critique au système scolaire d’Ivan Illich, les microsociologies scolaires de Georges Lapassade et l’idée d’éducation intégrale de Jiddu Krishnamurti, nous amènent vers l’analyse des approches éducatives, des méthodes et des dispositifs pédagogiques les plus pertinentes à la conception et à la réalisation d’une éducation à la spiritualité laïque.
On ne peut pas enseigner la spiritualité parce qu’elle échappe à l’encadrement des programmes scolaires et se révèle dans l’inattendu, elle est de l’ordre d’une connaissance qui mène à la compréhension (com-prendre : prendre avec) et non de l’enseignement et de l’apprentissage. .
L’acte émancipatoire provient de la compréhension, dans une espace laissé libre à l’intuition. Ce processus de connaissance ne connaît fin, il est continuel si l’individu permet à soi même de s’épanouir en s’élargissant. On ouvre ainsi, des perspectives de changement dans la dynamique d’apprentissage et dans la relation maitre-élève de notre système éducatif.



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