Vers
un management vertueux ?
La
question de la RSE
dans le management des entreprises
Par
David
Joseph Boucaud
Docteur
en Management
Economiste
Nous
répondons dans ce Document à la question de la RSE dans le management des entreprises. Celle-ci
constitue une problématique nouvelle qui porte sur les fondements même d’une
authentique science du management, dépassant les clivages méthodologiques
traditionnels en sciences de gestion (positivisme/constructivisme, modèle
européen/modèle américain (étasunien)),
proposant une approche épistémologique et méthodologique originale.
1°)
La société et l’humain, champ naturel du management
La
confusion est encore trop souvent faite entre management et gestion. La gestion
est l’application d’outils de régulation à une organisation, tandis que le
management est l’harmonisation
du lien entre l’homme et l’organisation, la société.
Le
management porte dans son essence, une finalité humaine et sociale, appliquée,
contextualisée. En effet dans « le choc des paradigmes en sciences de
gestion », Roland PEREZ, professeur émérite de sciences de gestion a
Montpellier considère que la science de gestion est souvent considéré comme une
science de l’ingénieur, ne tenant pas compte du fait que, traitant des organisations,
elle relève des sciences humaines et sociales.
Notre
proposition est par conséquent de distinguer la science de gestion, pratiquant
« l’ingéniorat de gestion », s’appuyant sur le paradigme positiviste
dominant, de la science du management, qui procède d’une approche
transdisciplinaire en sciences humaines et sociales, et participe du paradigme
constructiviste.
De
ce fait, le chercheur en management est davantage un « trouveur »,
qu’un chercheur car son but n’est pas l’élaboration de modèles généraux,
universels, mais s’agissant de la dynamique des hommes, de développer au sein
d’une organisation singulière, un équilibre social permettant le développement
et la pérennisation de cette organisation.
Si
tel est le cas, cela signifie que le management est nécessairement complexe,
global, et que les tentatives de spécifications ne peuvent être que des
« angles d’attaques », d’une seule grande problématique, ne pouvant
aboutir qu’à des solutions incomplètes, partielles, insuffisantes.
L’homme
n’est pas une « ressource humaine » pour l’organisation, ce n’est pas
un « facteur de production », c’est l’origine et la finalité de
l’organisation, ceci est une évidence, que l’on avait oublié dans une logique
mécaniste et mercantile, inappropriée, qui de déséquilibre en crise sociale et
économique, écologique, a rappelé cet aspect oublié.
Aujourd’hui
dans une logique du « sauve qui peut », nous avançons à pas de loup,
vers l’homme ce paradigme oublié, comme l’a écrit Edgar Morin, et
« fleurissent » des concepts nouveaux, comme autant d’adjectifs
accolés au terme management, sans même que la science du management ait fait
l’objet, bien souvent, d’une spécification académique, c'est-à-dire un domaine
de recherche singulier, dont l’objet serait la (ou les) dimension(s) humaine(s)
et la définition du sens au sein des organisations.
Il
nous faut préciser que cette reconnaissance entraînerait de facto,
l’introduction de la méthodologie de recherche qualitative, et du paradigme
constructiviste, qui fait débat quant à sa
scientificité, dans un univers intellectuel Comtien, où prédomine le
positivisme logique, le néo positivisme du cercle de Vienne, c'est-à-dire la
méthode quantitative.
C’est
au nom de ce paradigme positiviste dominant, que l’homme rationnel a été inventé
en science humaine et sociale, « l’homo oeconomicus », c'est-à-dire
une simplification mathématisable des comportements et attitudes humaines,
permettant d’identifier l’entreprise comme un lieu d’optimum économique, de
maximisation du profit sous contraintes. Dans ce cadre là, nous avons tenté de
resituer les procès cognitifs, et épistémiques, propres au positivisme de la
science de gestion et au constructivisme appliqué au management de la manière
suivante :
Déduction, Induction, Abduction
Raisonnement
|
Rapport
entre les phénomènes
|
signification
|
Principes
cognitifs
|
Domaine
scientifique de prédilection
|
Déduction
|
A→B
|
A condition nécessaire pour
B
|
Mécaniste et prédictive,
expérimentale
|
Physique, chimie
|
Induction
|
B→A
|
A sera présent a caque fois
que B existera. Il s’agit de partir des faits afin de découvrir les lois régissant
les faits
|
Mécaniste et normative
|
Méthode juridique
|
Abduction
|
A↔B
|
B ne pourrait être la sans
A, A ne pourrait être la sans A
|
Qualitative et
compréhensive (au sens de prendre avec)
Evidence, appréciation
qualitative permettant des conclusions pouvant être déductives, inductives,
cohérentes, pertinentes.
|
Méthode de l’enquête
|
En
fait nous tournons autour du pot, et falsifions l’homme, être complexe, pour
soi disant le rendre intelligible. Pendant ce temps les déséquilibres
économiques, sociologiques, écologiques perdurent et s’amplifient.
Cette
manière de penser, issue du siècle des lumières, qui a eu le mérite de sortir
l’homme de l’obscurantisme, a un effet pervers qui est d’effectuer un tri
systématique, en science, sur les aspects qui pourrait permettre une approche
holistique de la dimension humaine. Ainsi préférerons nous étudier Freud plutôt
que Jung, éviterons nous d’évoquer les rapports entre Joseph de Maistre et
Auguste Comte, les liens entre Malinowski et de Gerando, de Gerando et de
Maistre étant
tout deux en lien fondamental avec Louis Claude de Saint Martin que
l’on appelait le philosophe inconnu. Il en sera de même pour Ken Wilber avec la
psychologie transpersonnelle, issue des travaux de Jung, à l’origine de la
pyramide de Maslow, dont on parlera sans
jamais évoquer sa dimension transcendantale.
En fait la tradition spéculative du siècle des
lumières orientera la pensée scientifique du XXème siècle, et devant les
évidences et l’inertie du bon sens, la science humaine et sociale tente de
rattraper le retard acquis sur la connaissance de l’homme.
Avec
prudence apparaissent de nouveaux concepts, des champs nouveaux, des théories
nouvelles, que nous pouvons regrouper dans ce qu’il est convenu d’appeler le post modernisme. C'est-à-dire une
manière d’introduire les savoirs, la sagesse, du passé dans le présent, sans
donner le sentiment de renier le chemin emprunté par le paradigme positiviste
dominant en sciences humaines.
Quel
est ce savoir ?
Il
s’agit de se rappeler que l’homme est un être biologique, participant d’un
écosystème. Ce rappel a donné lieu à l’émergence de concept telle la
citoyenneté des entreprises, le développement durable.
Il
s’agit aussi de se rappeler que l’homme est un être psychologique, c'est-à-dire
sensible, émotionnel, cognitif,….ce rappel a donné lieu a l’émergence du
concept d’éthique dans les entreprises.
Il
s’agit enfin de rappeler que l’homme est un être physique, et comme tel a une
finitude et une finalité. Ce rappel a donné lieu au concept de développement
équitable, de commerce équitable.
Ces
rappels ont favorisé l’émergence du paradigme constructiviste, post moderne, en
management du début du XXième siècle, au début du XXIième. Le schéma suivant établi,
en science de gestion et en science du management, les grands corps théoriques
passant du positivisme au post modernisme, au constructivisme :
2°)
Intégration de la RSE
dans le management et la gestion
Partant
de ces caractéristiques essentielles, réintroduction de la complexité humaine,
émergence du constructivisme en sciences du management s’est développé une
réflexion, sur un modèle de société favorable, au développement durable, à
l’éthique et à l’équité, qui a donné lieu à une manière de management qui est
l’intégration dans les organisations de la responsabilité sociale des
entreprises (RSE).
Nous
pouvons, aujourd’hui regrouper d’autres manières de management et d’autres
outils de gestion qui découlent de cette évolution. Il s’agit :
-
concernant le management du :
- concernant
les outils de gestion :
- des fonds éthiques
- des agences de notation
- du marketing éthique
- du bilan sociétal
- de l’écobilan
- de l’éco conception
Cette
liste n’est pas exhaustive, mais représente des aspects significatifs de
l’orientation nouvelle des préoccupations récentes du management et de la
gestion, et qui se retrouvent dans la responsabilité sociale, ou sociétale des
entreprises.
Au
fond ces spéculations scientifiques témoignent simplement de l’état d’une
science humaine qui s’est fourvoyé par l’usage d’une méthodologie inappropriée,
oubliant l’humanité de l’homme durant trois siècles, et qui remettent
aujourd’hui au cœur de la réflexion les questions ontologiques d’Emmanuel
Kant :
- Que puis-je connaître ?
- que puis-je faire ?
- Que puis-je espérer ?
- qu’est ce que l’homme ?
Voila
des questions fondamentales, pourtant d’un homme des lumières [Kant E. ;
Qu’est ce que les lumières ?], n’ayant rien d’une démarche spéculative,
positiviste, mais nous reliant étrangement aux questions éternelles de
l’humanité, une philosophia perennis, celle d’hier, d’aujourd’hui, et
probablement de demain, autour de la finitude et la finalité de l’homme.
Finitude
et finalité de l’homme qui constitue l’essence même du management, il ne s’agit
pas d’optimiser une organisation à partir des moyens humains, matériels et
financiers dans le cadre d’un objectif (recherche opérationnelle), il s’agit
d’y dégager la monade, cher
aux Pythagoriciens, c'est-à-dire le principe de vie de cette organisation. Il
s’agit de cela, il s’agit aujourd’hui du principe de vie des organisations,
dans une société humaine, c'est-à-dire là ou l’homme est au cœur de
l’organisation. En effet, nous situant dans la méthodologie qualitative de la
recherche en management, nous avons retenu le principe de l’analyse institutionnelle
de Cornélius Castoriadis, basé sur le concept essentiel de la monade, car de la
découle les approches, en terme d’implication dans l’institution, d’équilibre
institutionnel, etc.…, ce que nous appelons le principe de vie de
l’organisation.
Le
problème est que notre société ne sait plus travailler sur les essences, en
sciences humaines, et comme l’écrivait René Guénon depuis tantôt, le règne du
quantitatif, a relégué au rang du « pas sérieux », c'est-à-dire pas
scientifique, les approches qualitatives de la connaissance, qui seule peuvent
permettre de pénétrer les essences.
Ces
approches qualitatives, selon notre approche, se fondent sur l’imaginaire
social de Cornélius Castoriadis et l’écoute sensible de René Barbier laissant
la place à l’intuition, l’émotion, la sensibilité, l’inspiration, l’esthétique
et la poésie, sources de la poïesis,
c'est-à-dire de la création, l’invention, plutôt que la production.
Laquelle
poïesis est le lien entre le transpersonnel Jungien, les archétypes, et l’intentionnalité
de Brentano, et la phénoménologie d’Husserl. En effet, c’est la rencontre à
Vienne entre Brentano et Husserl qui mit ce dernier sur la voie de la
phénoménologie, axée sur le concept de l’intentionnalité. Ce concept
d’intentionnalité qui dispose que toute conscience est conscience de quelque chose,
présuppose l’inconscient collectif, ou le transpersonnel jungien, contenant les
archétypes a l’origine des mythes, de la création, de l’invention poétique, de
la poïesis.
Concernant
le management, la poïesis (invention, création) n’est pas la production
ordinaire des entreprises (valeur ajoutée, volume de biens créés, flux réels,
flux financiers,…), mais bien une production vertueuse, un épanouissement des
êtres, résultant d’une expression d’hommes en interaction dans un cadre singulier.
La
gestion ayant une visée quantitative concerne la production finale de
l’entreprise, et le management ayant une visée créative, inventive,
qualitative, concerne la monade, au sein de l’organisation. Quelle manager,
aujourd’hui connaît la monade de son organisation ? En effet ont-ils des
méthodes permettant de « fusionner » au mieux avec
l’environnement ? Connaissent-ils l’identité et l’emboîtement de leur
entreprise dans l’environnement sociétale et sociale où elle évolue ? Dès
lors comment peuvent ils être en mesure de développer une poïesis (invention,
création), c'est-à-dire une production vertueuse, favorisant l’épanouissement
des êtres, ne détruisant pas son propre environnement ?
Ainsi
la mise en évidence de la monade de l’organisation permet de développer la
poïesis de celle-ci, ou encore le principe de vie de l’organisation permet la
production vertueuse de celle ci. C’est-à-dire que si nous voulons que nos
entreprises vivent, alors il est nécessaire que les hommes puissent s’y
épanouir, et ceux-ci ne pourront s’y épanouir que si l’on intègre à
l’organisation les éléments indispensables à leur vie, ceci est une évidence.
Ces éléments intègrent naturellement les objets des managements durable,
éthique, équitable, il s’agit là de la finalité même du management.
Ainsi
la recherche en management doit se centrer sur la découverte de la monade et
sur les conditions de la poïesis ou de la production vertueuse, au sein des
organisations, car celle-ci se situe bien en amont de la production finale de
l’entreprise, et la conditionne.
Concernant la méthodologie de la poïesis, que
nous proposons, Jürgen Habermas a
apporté, en ce sens, des développements importants dans le domaine des sciences
sociales et humaines. Particulièrement autour de la question du langage plutôt
que la conscience comme « liant » entre les hommes. Le relationnel
entre les hommes est le résultat de l’agir communicationnelle, selon Habermas. Lequel
agir communicationnel est la praxis, le langage de l’organisation et
s’inscrit, de ce fait, dans le cadre du post modernisme. Il ne peut en être
autrement.
En effet, l’agir communicationnel de Habermas,
n’est pas simplement un échange d’information, mais d’interprétation de la vie,
de la définition du sens des choses. Interprétation et définition de sens sont
des objets du constructivisme, et concernent par conséquent le post modernisme.
Selon Habermas, il est possible de définir une pragmatique universelle du
langage délimitant les conditions de validation et de validité des échanges
communicationnelles.
Cette
pragmatique universelle du langage au sein des organisations, consiste à y
établir le méta modèle de celles-ci, lequel est l’essence de l’organisation,
son principe de vie, sa monade. Sur la base de ce méta modèle peut s’établir un
langage commun de l’organisation basée sur une grammaire organisationnelle, à
l’instar de Noam Chomsky. Laquelle grammaire organisationnelle est la
poïesis de l’organisation.
Nous partons du constat qu’il existe
nécessairement une praxis, un agir communicationnel au sein des organisations,
constructiviste (Interprétativisme, sens), post moderne, qui nécessite d’être découvert
(archétype, intentionnalité, phénoménologie), formalisé, de manière à mettre en
évidence le langage commun basé sur une manière de grammaire organisationnelle,
la poïesis
Le
management ayant une finalité humaine, sociale, contextualisée est
constructiviste, et dans la mouvance actuelle, post moderne, et son objet est
la monade, et son objectif est la poïesis de l’organisation, il se distingue de
la gestion qui a une finalité technique, universelle, positiviste, moderne et
avec comme objet, la production finale de l’entreprise, physique et économique
de l’organisation. Les débats en science de gestion sur le constructivisme et
le positivisme sont infondés, comme le serait ces débats en science du
management.
Dans
la perspective de sa finalité humaine et sociale, l’élaboration de la science
du management suppose une lecture transdisciplinaire des sciences humaines et
sociales, afin de formuler des questions pertinentes et des réponses
appropriées aux organisations spécifiques, tandis que la science de gestion,
élabore dans une manière d’ingéniorat des organisations, des outils de
régulation a partir d’élaboration de théories qui lui sont spécifiques. Ainsi
la science de gestion élaborera des modèles de gestion des entreprises, alors
que la science du management contribuera à l’émergence du méta modèle des
organisations.
La
science cognitive permet d’aborder avec méthodes, cette perspective
transdisciplinaire de la science du management, de la manière suivante :
3°)
Conformisme universitaire et frein à la recherche en management
En
France, la tradition universitaire Napoléonienne et
Colbertiste, contrairement, par exemple, au système universitaire germanique de
Von Humboldt ne pratique pas la « libertas philosophandi » et parmi
les disciplines académiques, les sciences de gestion, tentent de s’ériger comme
tel depuis le début des années 80, en démontrant leur aptitude positiviste et
épistémologique, comme semble l’avoir fait « la grande sœur », la
science économique. La science du management n’existe pas comme discipline
académique, en France, le management étant confondu avec la gestion, ou étudié
comme un aspect des sciences de gestion. Le conseil national des universités en
France ne considère pas le management comme une discipline spécifique. Cette
discipline n’existe pas au CNU.
Robert
Papin
considère que le management est un art et une science, Peter Drucker
considère le management comme un art libéral, Henry Mintzberg
considère impossible d’enseigner le management à qui n’en a pas l’expérience. Le
management est à la fois art, science et pratique, transdisciplinaire, la
science managériale ou science du management regroupe ces trois aspects. Le
corollaire à cela est l’impossibilité d’obtenir un doctorat en management par
le biais d’un cursus classique, sans expérience du management, sans formation
transdisciplinaires, sans compétences philosophiques.
De plus s’agissant de l’utilisation du
paradigme constructiviste, la méthodologie de recherche est nécessairement
l’observation directe participante, laquelle nécessite une immersion prolongée
dans le champ de recherche, bien au delà des trois années classiques post
master de recherche ou DEA.
Il
nous souvient de nos lectures, qu’au début de l’ère des transports
ferroviaires, il se trouvait des médecins pour mettre en garde les industriels
et les futurs voyageurs contre les risques cardiaques de la vitesse au delà de 50 km/h. Il en a toujours
été ainsi des innovations, car bien souvent celle-ci précède les capacités de
traitement d’intégration du système existant, avant qu’elle ne devienne bientôt
une norme. C’est précisément, le courage du chercheur qui ne doit avoir
comme
limite que la prudence, qu’Epicure dans la lettre a Menecée considérait comme
la première des vertus, avec l’honnêteté et la justice. Les
archétypes, la symbolisation, voila ce qui d’après Jung détermine le Soi, et
par dialectique le Moi. Et c’est ce Moi qui donne la valeur au titre, au
diplôme, et non point l’inverse.
Les
questions que nous nous posons, dans une dynamique rassurante de recherche de
rationalités sont en fait tronquées. Et cette manière de penser, est admise
dans le cadre du positivisme logique ou néo positivisme depuis le siècle des
lumières jusqu’à nos jours. Dans un désir forcené d’établir la science comme
autre chose que la religion fondatrice de l’université, on a rejeté le
bébé et l’eau du bébé, se privant ainsi d’une connaissance, c'est-à-dire d’une
manière de naître avec son environnement, c'est-à-dire non
pas de chercher, mais de trouver en reliant (sens profond du mot reli-gion). C’est une perspective
intellectuelle toute entière qui a été éludée depuis cette époque, c’est
simplement cette vérité éternelle cette philosophia perennis qu’aujourd’hui
nous redécouvrons depuis l’école de Palo Alto, depuis Gregory Bateson,
Watzlawick, Maslow régulièrement cité en méconnaissant son ancrage dans la
psychologie transpersonnelle
La
question de la validité du diplôme universitaire s’inscrit toute entière dans
cette problématique singulière.
René
Barbier, Cornélius Castoriadis, Gilbert Durand, Gaston Bachelard, oriente notre
pensée vers la monade, et c’est finalement le langage des oiseaux, celui des
sept vallées du chemin mystique, dans le cadre philosophique et ésotérique du
soufisme, qui donne du sens à cette question ontologique, a savoir le lien indépassable, entre
Co-naissance
et reli-gion. Autrement dit, la
réinscription naturelle et harmonieuse, de l’homme, dans son environnement, son
univers. Laquelle réinscription, constituant la visée de la RSE.
Il
s’est passé une véritable révolution universitaire axée sur l’international,
bousculant aujourd’hui les « canons internationaux », dont la LMD et la VAE sont les reflets en
France, et dont le développement des universités virtuelles en sont le
témoignage au plan méthodologique et éthique. Co-naissance et reli-gion,
c'est-à-dire l’intégration de la complexité de l’environnement et de la
complexité de l’homme, ont favorisée l’émergence de la science du management,
science de la reliance des savoirs et de la dynamique humaine.
Ces
concepts posent bien sur des problèmes, avec le risque d’apparition de
véritables mercenaires, venant troubler une œuvre qui d’essence est
extraordinaire. La nouveauté des concepts crée naturellement un appel culturel
nouveau en matière de diplôme et de contenu de l’enseignement supérieur. Il
faut naturellement, un temps d’acculturation.
L’enseignement
universitaire doit favoriser la constitution d’une véritable académie, au sens
de Platon, de la science du management face a une crise des systèmes
internationaux liée aux modèles dominants en sciences, alors que tout témoigne
d’un retour au chose elle même, il en est ainsi :
-des théories économiques du développement où nous
sommes passé, l’instant d’un siècle, de la croissance économique, au
développement endogène et équilibré, au développement intégré pour parvenir au développement
durable aujourd’hui
-des sciences exactes qui avec les théories du chaos,
celle des quanta, des fractales, d’indécidabilité de
Gödel, les travaux présentés par Raymond RUYER, sur les scientifique de « la Gnose de
Princeton », autant d’élément ébranlant les certitudes jusqu’alors
dominantes.
-de la psychologie qui après la tentative de
« scientificité », via le behaviorisme, se souvient de son objet,
science de l’âme, et redécouvre l’existence de la psychologie oubliée, la
psychologie transpersonnelle, au sommet de son art.
-de la sociologie, qui avec des philosophes
comme Pierre Bourdieu, se rappelle que son essence est avant tout
philosophique, ce terme ayant été l’invention d’Auguste Comte. Ce
dernier, étant largement inspire par Joseph de Maistre, d’où l’intérêt a
s’interroger sur la véritable pensée d’auguste comte que l’on présente comme le
père du positivisme, ayant pourtant comme maître a penser un contre
révolutionnaire, un « contre lumière », a l’époque du siècle des
lumières. Cet aspect des choses fait débat aujourd’hui, car extrêmement
sensible pour l’école, qui fonde son principe scientifique en science sociale
sur la pensée Comtienne. Comte panthéon des scientifiques,
affirma que « la science c’est du passe, l’avenir, c’est l’art » (cf. travaux
de Jacques Muglioni).Il s’agit encore de comprendre le sens de la société des
hommes, de l’humanité, et au delà de tout « scientisme ». Chercher
aussi bien dans la religion transcendante (théologique…), et la
« religion de l’humanité » d’Auguste Comte, faite
elle aussi de rituels, de cultes, etc.…, en rupture avec, l’obscurantisme,
les errements religieux, dogmatiques qui ont suscités le siècle des lumières,
en harmonie, certainement avec le sens véritable, que Joseph de Maistre, inspiré du
philosophe inconnu, Louis Claude de Saint Martin, a voulu
transmettre, durant cette période de crise, durant la révolution française.
- de l’anthropologie comme sa sœur
l’ethnologie, qui rencontre aujourd’hui les mêmes problématiques quand a son objet que De
Gérando,
avait posé tantôt, qui a travers la controverse avec le philosophe inconnu
Louis
Claude de Saint Martin posera les bases de la méthodologie de l’observation
directe participante de Malinowski, principe de la recherche
qualitative émergeante aujourd’hui.
Ces
sciences qui constituent elles mêmes les fondements d’une science du management,
plaident pour un retour aux choses dans leurs essences, au pragmatisme
scientifique basé sur un éclairage professionnel pertinent, le développement
d’une aptitude scientifique à l’administration des affaires, de la société.
Il
ne s’agit pas de parvenir à une mystification de la science, mais de bien d’en
pénétrer l’essence, en science sociale et humaine. Il ne s’agit pas non plus de
faire peur, en passant pour réactionnaire, contre la modernité, ou, pire,
participant d’une théorie du complot, oeuvrant pour l’instauration d’un nouvel
ordre mondial.
Il
s’agit simplement de se poser de vraies questions pour avoir la possibilité
d’avoir de vraies réponses.
Telles les questions que posent l’astrophysicien Jean Paul Mbelek, sur les
dimensions cachées de l’univers après l’anomalie des sondes pioneer, tel le
mystère de la connaissance de l’étoile Sirius par le peuple Dogon. Ce sont de
vraies questions qui sont posés qui peuvent susciter des fantasmes ou une
analyse construite, argumentée, c’est cela
aussi le constructivisme.
Notre
projet scientifique, souligne et s’inspire de l’actualité des travaux des
frères Humboldt, symboles s’il en est tant de la quête d’une science
fondamentale heuristique, de l’ouverture de la recherche universitaire et
de la multiculturalité
Alexandre
Von Humboldt, scientifique de renom du XIXe siècle, spécialiste des sciences
géophysique, qui donne la voie des sciences dite « dure », selon lui
il ne peut y avoir de connaissance sans expérimentation vérifiable ;
Wilhelm Von Humboldt, scientifique et philosophe de formation, pour lequel il
était nécessaire de confronter les disciplines pour faire avancer les savoirs,
sans préjugés.
Deux
hommes illustres, deux frères, de formation identique à la base (sciences), à
la même époque, après la révolution française, dans la mouvance du siècle des
lumières, apportent de façon extrêmement visionnaire les perspectives
scientifiques de notre siècle. Le frère aîné Wilhelm définissant une
fonction de l’université comme devant être fondée sur la libre recherche
en n’étant pas contraint par la prédominance d’un système philosophique
Ces
deux frères sont pour nous des symboles, en ce sens que l’un a été à la
recherche de la connaissance scientifique à travers le monde en ayant rencontré de
nombreuses personnalités, Alexandre ; l’autre a été à la recherche de la
connaissanceàa travers la pensée, les concepts, Wilhelm.
En
effet, , de Simon Bolivar, le révolutionnaire d’Amérique du sud , à Thomas
Jefferson , président des Etats Unis, de l’Egypte à la Sibérie, Alexandre,
concrétisa un savoir encyclopédique basé sur l’observation, l’expérience. La
maîtrise d’une quantité considérable de langues, son approfondissement du
rapport entre langue et pensée, sa dimension philosophique universelle de
Platon au Bouddhisme, l’herméneutique, la philologie, font de Wilhelm un
précurseur d’une pensée ouverte universelle, libérée, où nombre de scientifique,
philosophe, aujourd’hui, pensent trouver l’essence même de leur propre pensée.
Les
frères Humboldt nous indiquent le chemin, celui de la connaissance qui doit
être à travers les hommes, c'est-à-dire leur culture, leur vie, leur pensée,
leur concept, tout simplement, leur univers. Le scientifique doit s’affranchir
des cadres de pensées restrictifs de manière à rendre compte de la réalité
des hommes. Et cette réalité est nécessairement d’essence multiculturelle et
transcendantale.
En
conclusion Johann Valentin Andrae, l’un des rénovateurs de la pédagogie au
XVIIe siècle prônait que ce soit en théologie ou en science le « savoir
utile », celui là même qui est au coeur du modèle universitaire
américain. Modèle universitaire américain qui constitue selon Guy Neave, l’un
des quatre modèles universitaires.
Cette vision est au cœur du débat actuel sur
la fonction de l’université. Même si suivant Johann Valentin Andræ nous ne
devons pas nous perdre en vaines spéculations, il demeure indispensable de se
poser la question des frontières de ce savoir utile. S’agit il, manière de
voyage de Gulliver, de réexplorer les trivium et quadrivium. , où les
sciences humaines et sociales se redécouvriraient dans le trivium et les
sciences exactes, dans le quadrivium ?
Il
nous semble bien, qu’en l’état actuel de la science, le positivisme logique
soit l’impératif méthodologique pour un étudiant dans le cadre d’un parcours
classique de doctorat en science de gestion, et le constructivisme, la méthode
incontournable pour un doctorat en sciences du management. Ces deux paradigmes
scientifiques s’inscrivent respectivement dans le cadre de la recherche
théorique et de la recherche appliquée.
Les
faits nous montrent que les spécialistes du management ont rarement un cursus,
« unidisciplinaire », et ont des parcours universitaires variés et
des expériences étendues. Il en est ainsi pour :
-Peter Drucker, le pape du management était docteur en
droit public et international, passionné de littérature et de philosophie. Ce
sont ces compétences et sa grande expérience du management (plus de 60 ans),
qui feront de lui un des experts mondiaux du management et lui permettront à
partir de 1970 d’occuper la chaire de la graduate management school, à
l’université de claremont en Californie.
-Henry Mintzberg, ingénieur mécanique de l’université MC
Gill, et a exercé durant de nombreuses années, notamment en recherche
opérationnelle, avant de passer une maîtrise ès science, et un doctorat à la
Sloan School of Management du MIT, au Etats-Unis, d’occuper la chaire de
management de l’université MC Gill
-Robert Papin, docteur en droit, après avoir fait des
études d’économie et d’expertise comptable, vont le conduire à développer en
France HEC entrepreneurs qui donne aux étudiants une formation à la fois
théorique sur le management mais surtout humaine et très pragmatique, faisant
d’eux des managers efficace et opérationnel aussitôt après leur cursus de
formation.
L’expérience
de ces références en sciences du management confirme la nécessité de la pratique,
et la variété des parcours qui conduisent à cette science du management.
Au
moment ou la science s’empare du management, elle redécouvre une complexité et
une finalité sociale et humaine conduisant nécessairement à des questions
d’ordre éthiques, philosophiques, d’acquisition de savoirs, passant par un
voyage au cœur des organisations (citant Mintzberg), élaborant une véritable
science de la cognition (citant E. Morin), hors des sentiers battus. Il s’agit
en fait d’un mouvement naturel puisque le management
oblige à se préoccuper de l’homme au sein des organisations.
C’est
dans ce mouvement de questionnement fondamentaux que s’inscrit le management de
la RSE
(responsabilité sociale d’entreprise), traduction littérale de CSR (corporate
social reponsability), qui pour, certains correspond au management du
développement durable (social, économique, environnemental).
4°)
Management et responsabilité sociétale d’entreprise
En
réalité le management de la RSE,
est la mise en œuvre de préceptes de l’entreprise citoyenne, c'est-à-dire celle
qui s’intéresse à la cité, ayant une fonction politique, c'est-à-dire
s’attachant à ce que son action puisse permettre une société a la fois viable (environnement
et économique), vivable (environnement et social), équitable (social et
économique), ensemble des concepts du développement durable. Il faut préciser
que management et politique comportent des principes d’actions ayant des
ressemblances, il n’est pas étonnant de voir émerger des visées politiques au
management. L’observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises
donne la définition suivante de la
RSE pour l’entreprise :
Une entreprise pratique la RSE quand elle pratique
l’investissement socialement responsable (ISR), cet investissement concernera
l’éthique (tabac, alcool, pornographie…), l’environnement (eco-rating
pollution,couche d’ozone…), le social(respect des droits de l’homme, rejets des
discriminations, travail des enfants,…), la démarche citoyenne (mécénat, œuvres
sociales, respect des cultures,…), le développement durable, le stakeholder (dialogue
de l’entreprise avec l’ensemble de ses parties prenantes), la valeur sociétale
de l’entreprise.
Cependant ces visées politiques sont des
macros objectifs, et doivent être déclinées en micros objectifs. Il faut un
modus opérendi.
Ces
macros objectifs, correspondent à des micros objectifs, qui sont le psychologique
(société, contextualisation, facteurs anthropologiques), le physique (qualité
et quantité de la production économique), le biologique (conditions
environnementale favorable à la vie, aux hommes).
Dans
la filiation de la RSE,
du développement durable, de l’entreprise citoyenne, de l’ISR nous retrouvons,
au niveau des micros objectifs, les domaines du méta modèle. Le méta modèle d’une
organisation porte sur l’établissement d’équilibre neuropsychologique (psychologique
et biologique), ergonomique (psychologique et physique), physiologique
(biologique et physique). De ces équilibres naîtra la poïesis de
l’organisation, sa production vertueuse, sa grammaire organisationnelle,
indispensable à sa production, sa productivité, sa performance économique.
L’entreprise,
naturellement a une responsabilité sociétale ou sociale, mais elle ne peut se
substituer à l’Etat, s’agissant d’un équilibre macro, globale de la société,
dans la perspective d’un développement durable. On ne peut à la fois avoir une
démarche libérale de désengagement de l’Etat et demander aux entreprises d’être
de moins en moins libérale, c'est-à-dire dans un cadre néo classique, de se
préoccuper de la maximisation de leurs profits.
La
maximisation du profit par la production est l’affaire des spécialistes de la
gestion qui face aux préoccupations nouvelles sociétales répondrons par
l’application d’outils, issus des théories positives de l’agence, des
conventions, des contrats, des coûts de transaction. La monade de
l’organisation, est l’affaire des spécialistes du management, qui savent que le
profit n’atteindra jamais son optimum sans la mise en évidence de cette monade
par la réalisation de micros objectifs, c'est-à-dire des équilibres
neurologiques, ergonomiques et physiologiques nécessaires a la production
souhaitée.
Il
s’agit là d’une exigence naturelle, indispensable au fonctionnement des
entreprises, des organisations. Et si les lois sur la RSE, la futur norme de qualité
ISO 26000 sur la RSE
peuvent ou pourront avoir une aptitude incitative ou contraignante vis à vis
des entreprises, l’urgence, nous semble
t-il est de mettre de l’ordre dans le « bombardement » conceptuel
auquel les scientifiques soumettent les entrepreneurs (et nous faisons notre
mea culpa…), et de leur apporter ce qui leur manque cruellement, à savoir un
éclairage scientifique, pertinent sur le management.
Il
n’y a rien de nouveau sous le soleil, il s’est produit que nous avons
simplement oublié le management au profit de la gestion, de l’économie, et ce
faisant, avons pris du retard sur les considérations humaines au sein de ces
organisations, qu’une inertie forte du paradigme positiviste dominant au sein
de la recherche et un système universitaire ad hoc, ont contribué à perpétuer.
La
question de la RSE,
qui est celle du développement durable, de l’entreprise citoyenne, s’inscrit
toute entière dans le schisme infondé, paradigme positiviste/paradigme
constructiviste, car il existe les sciences exactes et leur méthode, et les
sciences sociales et humaines et leur méthode. Il n’est pas possible de
transférer les méthodes de l’une vers l’autre, c’est tout simplement, une
question d’inadéquation, d’impossibilité logique. Si cette évidence était reconnue
par la communauté des chercheurs en science sociale et humaine nous perdrions
beaucoup moins de temps en conjectures et gagnerions en production scientifique
valable pour l’humanité, et efficace pour l’entrepreneur.
Schéma 1
Représentation schématique de la RSE
(Responsabilité sociale ou
sociétale de l’entreprise)
Source : d’après les travaux de l’ORSE et de
D.Boucaud
Schéma 2
Modèle pour la mise en œuvre d’un
management de la RSE
au sein d’une organisation
Praxis de l’organisation (agir
communicationnel)
Source : d’après séquences et
méthodologie de mise en œuvre du M.E.F :
Interactionnisme
et construction du sens de l’organisation.
(Thèse
de doctorat D.Boucaud)
Schéma 3
Modèle de grammaire
organisationnelle (poïesis de l’organisation) pour l’élaboration du langage
d’une organisation
Source : d’après concept 9 de Congruence
(Thèse de doctorat D.Boucaud)
Style de management
(durable, EQUITABLE, ETHIQUE)
¯
Relations non piègees
¯
Positions de vie porteuse
¯
Motivation
¯
Communication
¯
Groupe d’informations
¯
Dialogue intérieur
¯
Décision
¯
Groupe d’informations
¯
Stimulation
¯
Production vertueuse
Le style de management
implique des relations non piégées découlant de positions de vie
porteuses favorables à la motivation devant être portée par la
communication soutenue par le groupe d’informations qui génère le
dialogue intérieur permettant une efficience de la décision diffusée
par le groupe d’informations moteur ainsi que de la stimulation,
aboutissant à la production vertueuse, favorable à la productivité de
l’entreprise et à sa performance économique.
Ainsi
le management de la RSE,
pose tout simplement la question de l’objet du management, et celle de
l’urgence, au plan international, de l’émergence d’une académie de la science
du management, permettant ainsi de retrouver le chemin de la
co-naissance
et de la reli-gion. Ce qu’Auguste COMTE, lui-même avait pressenti à travers sa religion de l’humanité.
5°)
Pour la science du management, objet et méthodologie de la recherche en
management (Notre construction
à partir des mathématiques qualitatives, l’ordo ab chao, la responsabilité chez
Levinas Emmanuel et Hans Jonas)
Ordo
ab chao, passer du désordre a l’ordre, tel est l’objectif de tout être sensé
dans une démarche constructive. On parlera souvent des entreprises en utilisant
le terme « organisation », c'est-à-dire l’existence d’un ordre singulier.
L’ordre est une nécessité absolue pour la vie et la pérennisation d’une
entreprise.
Dans
le cadre des organisations, il s’est produit « une inconscience du désordre »,
liée à une perception réduite de la réalité, causée par une manière de science
plus attachée a l’explication, qu’à la compréhension.
Cette
conception de la science qui a conduit à classer, compartimenter, modéliser des
outils de gestion, reprenant les principes classiques de la science positiviste
dominante a conduit, a tort, à confondre gestion et management.
Ceci
a entraîné la spécification des aspects variés du management, et a minimisé la
portée réelle d’une authentique science du management.
Le
management de la RSE,
n’est pas un management vertueux, c’est tout simplement, l’essence même du
management, essayant par une mise en évidence de la réalité de passer de « l’inconscience
du désordre » à « la conscience de l’ordre ».
Le
professeur de Mathématiques Chaitin–Chatelin dans
un article intitulé « de la diversité des explications a l’unicité de
la compréhension une approche mathématique », écrit ceci « écouter
d’un même regard le monde intérieur de la connaissance et le monde extérieur
des savoirs afin que leur dialogue nous enseigne la vie », il s’agit pour
nous de cela, de la finalité, de l’essence de la science du management.
Et
cette science du management, est fondamentalement, une science de la vie.
La
science du management remet au cœur des problématiques scientifiques, la
dichotomie connaissance/savoir. L’approche scientiste, la technoscience,
découlant du néo-positivisme ou positivisme logique, a entraîné une confusion
entre savoir et connaissance, dans le sens ou le savoir est devenu la norme
scientifique. Le sens réel de la connaissance a été éludé.
Le
manager doit « naître avec son organisation », et la science du
management doit lui permettre un éclairage, une compréhension de ce processus.
Ecrire
ceci, ne signifie pas, simplement, s’inscrire dans une tentative d’intrusion de
la religion dans la science, mais au contraire, pose la question récurrente de
la perception et de la projection en sciences, et particulièrement en sciences
humaines, dont procède la science du management.
Cette
question n’est pas nouvelle, elle a été posée bien avant le siècle des lumières,
et elle est encore posée. La responsabilité de la science est d’explorer toutes
les réponses possibles, depuis tantôt jusqu'à nos jours.
Si
la science n’assume pas cette responsabilité, n’est il pas vain d’espérer que
des chefs d’entreprise assume une responsabilité sociétale, alors même que la
science ne leur apporte que des réponses partisanes, tronquées ?
Chez
Levinas la
connaissance doit révéler son vrai visage dès lors qu’il s’agit de l’autre, de
sa souffrance, et entraîne nécessairement la responsabilité, c’est une question
d’éthique, nous trouvons là, une analyse appuyant notre définition de la
science du management, et invitant au décloisonnement de la science en général.
Management
et responsabilité sont indissociables. Hans Jonas nous
permet de définir ce que devrait être cette responsabilité. En effet ce
disciple de Heidegger, Husserl, que nous situons dans le cadre de référence
philosophique du paradigme constructiviste (cf. schéma infra) fonde le rapport
nécessaire entre éthique et responsabilité. Il écrit ceci dans son ouvrage
« agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la
permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »
Levinas
nous ouvre la voie de la connaissance (co-naissance ; naître avec) du
manager, Hans Jonas nous ouvre celle de la compréhension (com-prendre ;
prendre avec).le manager n’existe pas en dehors de son organisation (naît avec son
organisation), et l’organisation ne peut
perdurer en dehors de la vie (prendre avec l’environnement), ce sont ces
évidences qui constituent la science du management. Ce sont les manières, méthodes de connaissance, de compréhension qui
constituent le champ de la science du
management. Ce sont les résultats de ces recherches qui guident enfin
l’action des managers.
Les
dimensions de la connaissance et de la compréhension sont d’ailleurs les voies
des mathématiques qualitatives, qui constituent un outil puissant et pertinent
de réflexion scientifique pour la science du management. Les mathématiques
qualitatives resituent les mathématiques en tant que langage de la philosophie.
Les
mathématiques qualitatives proposent une théorie ou la connaissance procède de
quatre dimensions (le temps, l’espace, le symbole et le sens) et ou la
compréhension procède de quatre principes (mécanique, chimique, économique,
éthique). Il nous semble, dans ce cadre là, possible de circonscrire le champ
global de la recherche en management de la manière suivante :
Tableau :
Champ de la recherche en management
Objet d’observation
|
Critères de l’observation
|
Finalité de la recherche
|
Le manager et l’organisation
|
Temps,
espace, symbole, sens
|
Procès de la connaissance
|
L’organisation et l’environnement
|
Mécanique (articulation à l’environnement),
chimique (transformation de l’environnement),
économique (principe justifiant l’articulation),
éthique (cadre philosophique et moral de l’ensemble)
|
Procès de la compréhension
|
Total :
Vie singulière de l’entreprise
|
Total :
recherche en management
|
Total :
Apport à la science du management
|
La
méthodologie de la recherche en management est qualitative, procédant du
paradigme constructiviste d’après le cheminement suivant :