mardi 24 mars 2015

Expériences de formation et accompagnement



de  Celine Carré

Depuis plus de 5 ans, j’accompagne des futurs adultes en formation de formateurs d’adultes, de conseillers en insertion professionnelle, d’assistants en ressources humaines, …, d’autres adultes en quête d’une nouvelle orientation de carrière, des étudiants en décrochage scolaire et pertes de repères, … à un travail de connaissance de soi. A cet effet, j’utilise les pratiques d’exploration de l’anthropoformation (Autobiographie-raisonnée, histoire de vie, porte d’exploration, …). Il s’agit de les amener à une « reprise » de leur parcours de vie pour s’approprier en conscience les enseignements (connaissances, compétences, qualités, valeurs, savoirs être, …) qui en émanent. Cette reprise du parcours est source de reconnaissance de soi, de ses potentiels, de confiance en soi et de pouvoir d’agir. Ainsi, ils investissent des choix professionnels, reliés à leurs histoires de vie, qui font sens pour eux, pour leur existence d’Etres humains libres. Ils sont alors en mesure d’ « habiter » leurs projets et de s’invertir dans leur mise et ainsi leur donner naissance.
J’observe également, que la maïeutique de l’écriture possède un pouvoir heuristique. Elle dévoile ainsi le passage par et dans des instants fondateurs. Je les appelle « vides créateurs ». René Barbier les nomme « flashs existentiels ». Il en offre la définition suivante :
o   Il nous dit clairement le, les ressentis de ces moments là : « Le flash existentiel permet de découvrir soudain en nous-même un horizon inimaginable. Un flash, un éclairement qui bouleverse une vie. Il est la prise de conscience spécifique qui peut-être comprise comme un processus d’élucidation ultra-rapide conduisant à un état de lucidité. Une sorte d’ouverture sur un autre système de vision du monde qui remplace, subitement, celui qui nous fondait jusqu’alors. Elle apparaît comme bouleversante, restructurante. Quelque chose de soi-même se perd d’une manière définitive, aussitôt remplacée par une autre région de connaissance du monde. En même temps, on ressent une impression de vérité absolue, comme si notre destinée émergeait d’un chaos infini pour se donner à voir, l’espace d’une seconde, dans un ordre vital. Tout se passe comme si la vision intérieure de la vie du sujet était donnée en un laps de temps qui, cependant, condense une temporalité passée et future d’une durée beaucoup plus longue. Cet état de lucidité correspond à un temps de maturation plus ou moins long et inconscient. De nouveaux chemins vont être dégagés sans que je m’en aperçoive. J’en pressens l’existence intuitivement et je suis souvent mal à l’aise avec le parcours habituel de ma vie. Quelque chose s’invente an moi et je le sais, mais je ne saurais encore le nommer, ni même en cerner le moindre contour. Je fais de plus en plus silence en moi et autour de moi. On me dit que je change. On ne me comprend plus très bien. On s’éloigne de moi. Parfois, je tente l’ouverture vers l’autre. A sa réponse, je laisse filtrer des éléments de ce tremblement de l’être ou je me referme totalement… [1]».
Pour accompagner l’accouchement de cette part intime des possibles de l’autre, il propose la définition métissée suivante de l’accompagnement et de l’éducateur :
Il commence par illustrer celles-ci avec le propos de Paolo Freire : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde »[2] .
Selon lui, « l’éducation, à minima, est le fait de nourrir, prendre soin et conduire hors de … (id). » Cela rappelle le « décentrement du connu vers l’inconnu », ici vers ailleurs, quitter sa place, énoncé par Maela Paul[3].
« L’éducateur éclairera (quelqu’un) pour le mettre en état de voir clair, comprendre, discerner le vrai du faux. (id)» J’ajoute, lui faire prendre conscience de ce qui se joue par ses représentations, et l’amener à voir les choses sous un autre angle.
L’éducateur, selon René BARBIER, « est quelqu’un d’ouvert pour trouver des éléments qui donnent du sens au monde. Il s’adresse à quelqu’un d’autre qui a envie de travailler avec lui. Il est concerné par l’autre et entre dans une relation de compagnonnage avec cette personne. Il transmet une aptitude, une façon de faire, pour que l’autre trouve sa voie, joue sa propre vie. Il suggère, sans imposer, au sujet d’autres voies que les sentiers battus de tous temps. Il lui fait entrevoir d’autres possibilités de vie que ceux dont il est l’objet et non le sujet autonome. C’est l’ouverture sur l’esprit critique. L’éducation est avant tout une transformation du regard que l’on porte sur soi-même, les autres et le monde. Un nouveau regard qui change tout en nous permettant d’accéder à un niveau différent de réalité »[4].
« L’éducation vise la déconstruction de l’établi, de l’affirmé, du stable, du durable, c’est-à-dire sur le plan psychologique, de l’identité socialement instituée. C’est le « raclage » systématique de notre imaginaire de maîtrise et de pouvoir (id). »


[1] BARBIER R., université de Paris VIII, LAMCEEP, « L’implication noétique, flash existentiel et éducation », séminaire sur l’implication, IFORIS, Angers, juillet 2004, www.barbier-rd.nom.fr/implicationnoetique2.html, consulté le 08/02/2015, 12 P
[2] BARBIER R., 1996, « La recherche-action », Paris, éd. Economica, 112 p.
[3] PAUL M., «  Ce qu'accompagner veut dire »,  Carriérologie, Nantes, Conservatoire National des Arts et Métiers, P 121 à P 144.
[4] BARBIER R., « Apprendre au fond de soi », http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=452, consulté le 26/08/2005.

lundi 23 mars 2015

Une utopie concrète: le Printemps de l'éducation

de René Barbier

Samedi 21 et dimanche 22 mars, Antonella Verdiani avec ses collaborateurs ont inauguré et animé une remarquable réalisation : le Printemps de l'éducation.
Je veux ici dire ce que je pense de cette magnifique rencontre à Paris à la Gaité-Lyrique, plus de 2000 personnes en ont profité.
Je parlerai ici de trois axes :
L'accueil.
Le discernement.
La mobilisation.

L'accueil

Depuis plus d'un an, Antonella Verdiani  s'est entouré d'un groupe de bénévoles de plusieurs dizaines de personnes pour s'informer, réunir, des représentants des mouvements pédagogiques d'avant-garde, écoles différentes, d' initiateurs de projets pensés concernant une autre forme d'éducation.

Depuis des années Antonella Verdiani a œuvré, dans le cadre de l'Unesco, en faveur de l'école, de l'éducation et de la non-violence. À la suite d'un séjour en Inde, qui l'a profondément modifiée, elle a entrepris un doctorat en sciences de l'éducation  pour lequel je l'ai accompagnée pendant quelques années à l'université Paris 8.
Elle a quitté l'Unesco pour réaliser ce qu'elle pensait être le meilleur pour l'éducation.
J'ai suivi avec intérêt son parcours depuis cette époque.
Un point fort, ce week-end, a été consacré à cette réunion nationale de tous les représentants des innovations pédagogiques en France.
C'est une volonté d'ouverture qui a présidé à cette réunion éducative. Le groupe du Printemps de l'éducation a accueilli toutes les tendances qui tentaient ou qui avaient déjà réalisé des actions, des  écoles, des institutions, dans le domaine d'une  éducation différente et nouvelle.
De nombreux enseignants du primaire, secondaire et même du supérieur sont venus témoigner de leur intérêt, de leur projet, et de leurs réalisations pendant ce week-end. C'est dire qu'il ne  s'agit pas uniquement de l'éducation privée  mais également de l'éducation nationale, un renouveau qui est d'une plus grande ampleur, en France et dans le monde.

Les enfants participants à ces différentes écoles sont venus témoigner de la joie qu'ils pouvaient ressentir. C'est en effet sous l'égide de la joie d'apprendre qu'Antonella Verdiani a animé ce Printemps de l'éducation.

Le discernement

Il est évident qu'un mouvement d'une telle ampleur entraîne des individus à s'en servir de tremplin médiatique et à vouloir réaliser des œuvres parfois contestables. La centration sur la joie à l'école est beaucoup plus que le plaisir d'enseigner et d'apprendre. Ce dernier point serait déjà quelque chose d'extrêmement innovant. La joie va beaucoup plus loin et implique une qualité d'expression et d'être à dimension intellectuelle, affective, et même spirituelle.
Sous cet angle, la joie à l'école présente de faille possible.

La première consiste dans la méconnaissance de la réalité sociologique des publics concernés par ce type d'école. Il est évident qu'il s'agit de publics relativement cultivés et dotés de moyens financiers, au moins en ce qui concerne les institutions privées. Mais il est vrai que dans l'éducation nationale, des professeurs des écoles, de collège et de lycée, tentent et réalisent des actions pédagogiques dans des zones défavorisées et dans lesquelles le plaisir d'apprendre est loin d'être absent.
Par ailleurs, les institutions privées éducation nouvelle ne souhaitent  souvent qu'une seule chose, obtenir des subventions et des accords avec l'éducation nationale pour que les frais de scolarité soient réduits au maximum. Mais on connaît la difficulté de faire bouger les instances bureaucratiques de l'éducation nationale pour ce faire.

La seconde faille consiste dans les débordements que présente ce type d'utopie éducative centré sur la joie. L'imaginaire qui s'y déploie gravite autour de l'idée de l'enfant roi. Il s'agit d'épanouissement dont le retentissement spirituel est évident. C'est sans doute l'extrême pointe d'un processus d'expression du "sentiment de soi" (Georges Vigarello, Seuil, 2015) qui a commencé au XVIIIe siècle. On risque, de ce fait, de rencontrer parmi les adeptes, des personnes et des groupes, plus  ou moins illuminés et décidés à faire valoir leur point de vue d'une manière drastique. Certains pensent même vouloir transformer la joie à l'école en parti politique et planétaire ! Quelques personnalités, dans ce débordement, s'installent dans des positions de gourou de mauvais aloi. Il propose des exercices de réalisation de la joie immédiate qui ressemblent fort à ce que l'on a connu dans les années 1960 sous le nom de mouvement du potentiel humain et du "nouvel âge". Déjà dans mon ouvrage de 1977 sur "la recherche-action dans l'institution éducative" (Gauthier-Villars) j'en avais fait la critique constructive.
Tout ce qui fait l'effort d'aller vers une spiritualité authentique savent bien que la joie interne à l'être humain ne se réalise pas par cette forme de trucage.
On connaît maintenant les dérives sectaires qui peuvent en résulter. Il ne s'agit plus alors ni de joie et de plaisir mais d'aliénation. Celle-ci disqualifierait ce mouvement du Printemps de l'éducation.

La mobilisation

Je veux parler ici de mobilisation et pas seulement de motivation, en suivant l'analyse de ce concept par Bernard Charlot. La mobilisation ne relève pas simplement de la psychologie, mais s'insère dans un contexte où le sujet destiné à apprendre est un être social, économique, et politique. C'est une reconnaissance de la complexité du sujet humain.
Personnellement, je n'oublie pas la dimension spirituelle, dans le cadre d'une spiritualité ou d'une sagesse laïques. Se mobiliser pour le Printemps de l'éducation, c'est reconnaître que l'apprenant est à la fois un "s'apprenant" mais aussi un "coapprenant" avec d'autres, comme avec la nature, sans nier le conflit créateur qui peut en résulter, par l'action de ce que Jacques Ardoino a nommé la "negatricité" (Éducation et politique, Gauthier-Villars, 1997) car c'est vraiment la notion de conflit qui manque chez les fanatiques de la joie à l'école. Le conflit est intrinsèque à la dynamique de la psyché.
Le travail intérieur et spirituel englobe tous les aspects contradictoires de la psyché. Il s'agit d'une élucidation des mécanismes internes ou dialoguent sans cesse le bien et le mal, ou encore le positif et le négatif. La joie réalisée implique un dépassement dans un troisième niveau ou perspective de compréhension de la vie spirituelle dans sa confrontation au monde et aux autres. Reconnaissance vécue et transformatrice de la complexité de la vie humaine inscrite dans la complexité de l'univers.
C'est alors que la mobilisation peut être proposée et réalisée entre tous les partenaires de l'action éducative dans le respect, l'estime et la reconnaissance : les enfants, les enseignants, les parents, le personnel scolaire, administratif et de service, sans oublier les intervenants externes.

samedi 21 mars 2015

Etique éducative : ouverture à la spiritualité laïque




FORMATION D’ADULTES, ÉTHIQUE ÉDUCATIVE :  OUVERTURE À LA SPIRITUALITÉ LAÏQUE


20/3/2015
Giusi LUMARE


Pourquoi parler de spiritualité dans les Sciences de l’Éducation ? A-t-on besoin d’enquêter les sphères de l’immatériel pour imaginer un système formatif plus ouvert et sensible?
La proposition d’une telle perspective veut éclaircir à travers quel savoir on saisit la connaissance, une compréhension qui devient ressource réelle si elle sort de l’état de potentiel accomplissement et si elle se révèle dans un parcours d’apprentissage continuel, intégral et transversal.
Par la connaissance et l’acceptation de soi, un regard clair et lucide sur le monde est possible, qui trouve la place à son savoir et son savoir-faire. Le liaison entre le soi et le monde, doué de cette connaissance, dépasse la personne et devient reliance.
Qu’est-ce que c’est la spiritualité laïque ?
C’est un parcours de compréhension transversale par lequel on essaie de composer une figure théorique qui déborde dans l’implication du sujet et le dépassement des préjugés culturels. La réflexion s’ouvre sur la spiritualité et la laïcité comme termes porteurs, chacun dans un sens autonome et indépendant, pour enfin dépasser leur apparente opposition.
L’objectif est de vérifier si par le dépassement des spécificités liées aux religions et aux différentes croyances, on peut valoriser, dans une optique laïque, le potentiel humain et ses attitudes spirituelles, aux fins d’une résolution des conflits interculturels dus aux identités religieuses et aux préjugés idéologiques.
La spiritualité laïque requiert d’analyser l’autorité des idées et l’autonomie du sujet, remet en cause le pouvoir institué et aborde les peurs sources des croyances en dégageant les capacités authentiques permettant à chacun de saisir sa vérité. Elle vise à un changement social radical et pose le problème éthique de rendre « humaines » les sciences de l’éducation.
Elle envisage les approches et les dispositifs aptes à déclencher de véritables changements dans la relation pédagogique. 
Mots clés : autorité/ autorisation/ autonomie,
laïcité, implication, connaissance, reliance, spiritualité.


 

mercredi 4 mars 2015

La fraternité de reliance



Il y a bien des années que j'ai parlé de fraternité de reliance. C'est en particulier après avoir lu le livre très intéressant sur "le moment fraternité" de Régis Debray, que j'ai éprouvé le besoin de parler de fraternité de reliance.
En effet, il m'apparaissait clairement dans ce livre que l'auteur parlait avant tout d'une fraternité de combat, c'est-à-dire d'une fraternité en opposition de groupe à groupe.
Sans nier cette dimension d'une certaine fraternité habituelle, celle des combattants militaires dans toute guerre, ma philosophie de la vie, liée aux trois concepts majeurs de profondeur, de reliance et de gravité, me conduisait nécessairement à une autre conception beaucoup plus englobante la fraternité. J'ai largement exposé cette conception dans mon livre en ligne intitulée "De la profondeur".
Plusieurs ouvrages récents ont fortifié ma conception d'une fraternité de reliance.
En particulier ceux de Mathieu Ricard sur l'altruisme dans le monde humain et animal, celui de Jacques Lecomte sur la bonté humaine, et celui très récent du philosophe français et musulman Abdennour Bidar consacré à la fraternité qu'il appelle "universelle."


Mais qu'est-ce que la fraternité de reliance ?


Elle correspond à la mise en œuvre évidente de la catégorie existentielle que je nomme la reliance. Cette dernière est la continuité phénoménologique de l'existence de ce que je nomme la profondeur, une façon de nommer le réel monde non symbolisable en dernière instance.
La reliance, dans son moment fraternité, s'ouvre sur la "gravité" de toute existence humaine en tant que non séparable de  la réalité vivante et dynamique.

Pour approcher cette conception de la fraternité de reliance, il faut la distinguer de deux autres conceptions très habituelles dans notre façon de penser.
Je reprends à cet égard les trois éléments constitutifs de la république française : liberté, égalité, fraternité.
Une approche habituelle, en fin de compte, affirme la séparation totale et l'autonomie de ces trois dimensions. On peut la systématiser par la suite ainsi rédigée:
Liberté /Égalité /Fraternité.
Une autre conception dominante consiste a fusionner en les confondant les trois concepts qui s'écrivent alors ainsi :
Liberté =Égalité =Fraternité
Tout le monde sait  bien que sur le plan social, économique et politique cela correspond à une illusion pure et simple.
La reliance dans la fraternité s'inscrit dans un autre graphe beaucoup plus intéressant.
[Liberté <Égalité <Fraternité]
Dans ce dernier graphe, la liberté est englobée dans l'égalité qui elle-même est englobée dans la fraternité, le tout Étant lui-même englobé dans la dynamique de la vie.
En effet, la liberté n'est pas séparable de l'égalité bien qu'elle présente une autonomie relative.
Historiquement, la liberté a donné le libéralisme économique et s'est absolutisée au détriment de l'égalité, et a fortiori de la fraternité.
Dans le régime capitaliste, l'inégalité progressive a conduit des groupes sociaux à la confrontation parfois meurtrière et à la destructivité de la fraternité.
Si la liberté se dissout en tant qu'animation créatrice dans l'égalité, celle-ci reprend sa vigueur constructive au cœur de la fraternité qui l'englobe.
La fraternité ne peut s'autonomiser complètement. Elle rétroagit nécessairement sur les deux autres catégories d'égalité et de liberté. Elle devient réellement "fraternité de reliance" lorsqu'on la comprend dans une totalité dynamique en liaison à la fois à la profondeur et à la gravité.
Cette fraternité de reliance est celle des sages, et parfois celle des philosophes de l'expérience qui ont atteint un certain niveau de compréhension du réel dans lequel ils sont inscrits.
À lire les auteurs précités, j'en suis convaincu.
En particulier, l'ouvrage d'Abdennour Bidar, (Plaidoyer  pour la fraternité, Albin Michel, 2015), représente, dans sa conception de la fraternité universelle, une variante de ce que j'appelle la fraternité de reliance.
L'auteur précise sa pensée et son concept tout le long du livre. Mais principalement dans son chapitre "la fraternité comme sacré" (pages 67 à 90).
Il exprime à ce moment toute la richesse d'une philosophie musulmane centrée sur un humanisme contemporain et existentiel. Pour moi, comme pour tous ceux qui connaissent l'esprit du soufisme et de grands spirituels comme l'émir Abdelkader par exemple, cela ne fait pas de doute.
Comme A.bidar le soutient : "chacun va devoir choisir entre la fraternité universelle ou le repli sur soi, la grande famille humaine ou la petite tribu identitaire" et reconnaître la valeur supérieure de ce type de fraternité par rapport à toutes les autres valeurs (page 68).
Comme Abdennour Bidar j'en ai marre de tous les détracteurs de l'être humain qu'ils considèrent comme des êtres fondamentalement solitaires, égoïstes, agressifs et à la capacité d'aimer réduite à la portion congrue au  sein d'une représentation de l'anthropologie que Marshall Sahlins appelait "sinistre".
Il est grand temps de faire retour à nous-mêmes, dans l'intimité de notre être et de notre cœur, pour retrouver une reconnaissance, une renaissance, de ce miracle d'être entrés un jour subitement et pour un temps éphémère dans la vie humaine.

René Barbier