Repet Afrobeat
Depuis plusieurs
semaines la dimanche était devenue une journée attendue, une agréable habitude
dans laquelle on se sentait chez soi, à l’aise, dans un lieu physique, un
espace sociale. Cela était une dimanche spéciale, la dernière avant de se
déplacer, de changer d’espace, de changer d’ eaux…
Afrique mon Afrique Il y a un
bourdonnement, mais après tout c’est un moment
assez silencieux
Afrique des fiers
guerriers dans les savanes ancestrales/ Afrique que chante ma grand-mère Et il semble être un chant celui qui se lève de la scène : c’est une
poésie, une poésie avec un son magnifique Au bord de son fleuve lointain je ne
t’ai jamais connu
Et autour c’est le
silence. L’attention maintenant est ici, sur ce qu’il se passe. Dans la salle
on suit un respire unique : celui de la parole Mais mon regard est plein de ton sang. Ton beau sang noir à
travers les champs répandu/le sang de ta sueur/la sueur de ton travail Une percussion commence à donner
le temps. C’est comme un cœur qui, pour un instant s’était arrêté pour écouter , mais qui doit forcément reprendre à
pulser Le travail de l’esclavage de tes enfants De l’autre côté de la scène une
autre percussion réponde : il y a un rythme, on l’aperçoit à peine, mais
il y a! Afrique dis-moi Afrique/Est-ce donc toi ce dos qui se courbe/Et
se couche sous le poids de l’humilité Le volume des instruments est à la limite de
l’audible : l’intention commune, précise et mesurée seulement par les regards,
est celle de ne pas couper le flux des mots, mais au contraire, de devenir
témoignes du moment Ce dos tremblant à zébrures
rouges/Qui dit oui au fouet sur les routes de midi Ces vers sont
courts, prononcés avec un ton essentiel par une voix profonde. Parmi eux il
reste l’espace pour ajouter quelque chose. Sans être violent un son électrique
retenti : c’est une clavier qui s’ajoute à peine percevable, qui fait la
base sonore, comme un lit confortable sur lequel maintenant tout le monde
s’appuie et se berce Alors gravement une voix me
répondit/Fis impétueux cet arbre robuste et jeune/Cet arbre
là-bas/Splendidement seul au milieu des fleurs/Blanches et fanées
Les vers
poursuivent et toujours plus de gens et de sonorités s’y mélangent, pour le
plaisir commun d’y être, d’en prendre part. Le volume s’élève, sans jamais être envahissant.
Personne est à la guide, plusieurs yeux sont fermés, pourtant tous paraissent
savoir qu’est-ce qu’il se passe et qu’est-ce qu’il se passera C’est l’Afrique ton Afrique qui repousse/Qui repousse
patiemment, obstinément/Et dont les fruits ont peu à peu/L’amère saveur de la
liberté
La poésie originale
(Afrique mon Afrique) de David Diop se termine ici, mais qui a parlé jusqu’à
maintenant, participe à cette
construction par son apport personnel. On continue, les mot sortent toutes
seules, elles trouvent leur espace par la musique, qui reste en sourdine au
service du volume humain du cœur, de la bouche légèrement soufflant le micro.
Du moment que la parole termine, tous les sons qui attendaient patiemment d’exploser,
en continuant à s’écouter réciproquement, se lèvent chacun à son tour pour ne
pas s’étouffer l’un l’autre.
Pour chacun de nous
qui qui était là, celui a été un moment plein de sens ; les instrument, au
fin d’être un corps unique, ont su créer quelque chose qu’on ne peut décrire
que comme la « magie du moment », difficile à saisir, à rattraper…
Ce laboratoire est
le miroir des gens que le traversent,
plongés dans un milieu qui change toujours, et ce sont ces différences qui
rendent sa forme insaisissable, mutable, indéfinie et toujours nouvelle.
Stefania Megale
traduction de Giusi Lumare